mercredi 24 octobre 2007

Actualité du centre Domingo Savio


Durant l'été 2007, le Collectif Artishow a été amené à travailler avec le Centre de formation pour jeunes apprentis Domingo Savio (Conocoto, Quito), de la Fondation Don Bosco, dans le cadre de son programme d'éducaion sexuelle, prévention du Sida et des grossesses précoces en Equateur.

Etant actuellement en train de mettre en place un échange culturel entre ce centre et un collège français de Rouen, nous souhaitons vous donner régulièrement des informations sur l'actualité de cette structure regroupant une trentaine de jeunes garçons, âgés de 12 à 19 ans. Nous profitons de la présence sur place d'Anna, jeune volontaire française, pour lancer cette activité. Celle-ci aidera peu à peu plusieurs des garçons du centre à prendre le relais dans la transmission des informations les concernant, de façon à ce que ce dispositif reste actif après son retour en France.

Ce que nous vous proposons ici est donc d'en savoir un peu plus sur le quotidien de cette structure socio-éducative: activités des jeunes, déroulement des ateliers, thèmes des cours...

Semaine du Lundi 15 octobre 2007

Cette semaine, en vue de l’échange qui va s’organiser entre la fondation ‘Don Bosco’ et le collège Fontenelle de Rouen, nous avons mis en place un atelier de Français. Les élèves équatoriens de la fondation Don Bosco vont recevoir un enseignement de la langue française selon leurs capacités et leur motivation afin de favoriser l’échange culturel qui va être mis en place avec les élèves français. La volontaire française, Anna, se charge de l’enseignement des bases orales et écrites de la langue tout en mentionnant les spécificités culturelles françaises et en donnant quelques élements de géographie. Deux groupes ont été formés selon le potentiel et l’intérêt des élèves. Le cours sera de 1h30, deux fois par semaine pour chaque groupe.

La plupart des élèves montrent un grand intérêt mais paraissent quelque peu découragés par la difficulté. Juan s’exclama ce matin: ‘bonjour’ y ‘merci’ son las únicas palabras que conozco y no pienso que voy a lograr aprender otras! (“Bonjour” et”Merci” sont les seuls mots que je connaisse en français, et je ne pense pas que je pourrais en apprendre d’autres!”). Durant le premier cours, les élèves ont travaillé sur les formules de politesse et ont appris à se présenter. Ils ont également rempli une fiche qui va servir à évaluer leur niveau et les répartir dans deux groupes d‘une quinzaine d’élèves environ. Ainsi, il sera plus facile de travailler et de donner du temps a chacun. L'attitude des élèves pendant la classe de Français reflète assez bien leur comportement général. Tous ont un énorme besoin d’attention et de reconnaissance de leurs efforts. La plupart ne suit pas lorsque le professeur s’adresse à la classe entière. Cependant, ils réclament une attention personnelle et montrent un grand intérêt si elle s’adresse à chacun d‘eux en particulier. Cette attitude parait révélatrice d’un besoin d’attention et de tendresse que l’on retrouve également lorsque les jeunes effectuent d’autres activités. Le benjamin du groupe, José, semble doué de capacités de reflection et d ‘apprentissage exceptionnelles. Le contexte l’a malheureusement empêché de poursuivre l’école plus avant. Les plus âgés du groupe montrent également une grande volonté et des capacités pour apprendre. La différence d’âge rend plus difficile le choix des outils pédagogique, mais il est certain qu’il faille organiser des activités ludiques car les élèves s’ennuient assez facilement.


Par ailleurs, la Fondation Don Bosco est en train de mettre en place un projet théâtral avec un groupe de quinze jeunes. Avec l’aide de la volontaire française Anna et de trois stagiaires, Daria, Marie-José et Becky, les élèves vont monter un spectacle de théâtre qu’ils présenteront avant les vacances de Noël. Le choix de l’oeuvre n’est pas encore défini, mais il serait intéressant de travailler sur une oeuvre contemporaine d’un auteur latino-américain. Ce projet théâtral englobe également la création d’un espace dédié aux arts de la scène. La fondation dispose d’une grande salle avec une scène qui va être agrandie. Des rideaux vont également être installés, et les murs décorés d’affiches afin de créer une ambiance théâtrale. Les premiers cours, qui ont eu lieu la semaine dernière, ont permis de selectionner les jeunes qui avaient les capacités, et surtout l’envie, de participer à ce projet qui nécessite un engagement important. Ainsi les élèves ont fait des exercices d’imitation devant le groupe, des exercices pour apprendre à rire, ainsi que des improvisations sur des thèmes donnés. Cela a permis de définir le groupe théâtral, toujours en accord avec la volonté des jeunes. L’autre groupe va suivre un atelier de musique et de danse animé par Don Ramiro. L’objectif final sera de joindre les deux groupes pour présenter un spectacle total.

En plus des activités théâtrales et des cours de langue qui ont lieu l’après-midi, les jeunes continuent bien évidemment leurs ateliers du matin. Les vingt-huit jeunes de la fondation Don Bosco sont répartis dans deux ateliers, la ferronnerie et la charpenterie. « El maestro Fausto » s’occupe de la charpenterie et « El Profe Paul » de la ferronnerie. Les élèves reçoivent un enseignement aussi bien théorique que pratique.



Nombreux sont ceux qui n’ont pas terminé l’école primaire et qui n’ont que peu de bases, aussi bien en mathématiques qu’en espagnol, beaucoup étant issus de communautés indigène ou la langue vernaculaire est le quechua. Les deux enseignants tentent donc de les remettre à niveau. Ayant quitte l’école et commencé à travailler, les élèves ont également des difficultés à se positionner par rapport à l’apprentissage. Ils viennent aux cours sans feuilles ni stylo, demandent fréquemment s’ils doivent recopier ce qui est au tableau et veulent savoir où ils doivent l’écrire. Dans la classe, les élèves ne sont donc pas très autonomes, ils ont un besoin constant de soutien personnel alors qu’ils font paradoxalement preuve d’un savoir faire et d’une autonomie qui surprend le néophyte dans l’atelier : a douze ans, José sait souder, découper des feuilles de fer, limer et fabriquer des objets avec professionnalisme. Cette semaine, les élèves de l’atelier de ferronnerie fabriquent des girouettes ainsi que des pièces métalliques qui vont servir à la réalisation d’un lit que fabriquent les charpentier.



Angel, le travailleur de bois le plus expérimenté s’occupe de la tête et du fond du lit tandis qu’Ernesto coupe et lime les barres transversales. A la question « Qu’allez vous faire du lit ? », les jeunes répondent qu’ils ne savent pas !...Mais pourquoi pas le vendre ?... Les bancs réalisés la semaine passée sont destinés à une église, de quoi donner confiance à nos charpentiers en herbe : leur travail est bel et bien reconnu. Quant aux plus jeunes de l’atelier de charpenterie, ils fabriquent avec sérieux des tablettes à dessin industriel. Maestro Fausto veille sur eux avec fermeté et savoir faire, car il s’occupe depuis une vingtaine d’années d’enfants des rues, les aidant dans leur formation professionnelle et leur réinsertion.


Tous les élèves, même les débutants, font preuve de professionnalisme. On regrette une chose cependant, les règles de sécurité ne sont pas toujours respectées. En l’absence des professeurs, les jeunes soudent sans casque et s’exposent ainsi a des brûlures. Par ailleurs, ils ne se protègent pas toujours les oreilles du bruit de la scie a métaux. La fondation est pourtant munie du matériel nécessaire, mais les jeunes ne se rendent pas bien compte des conséquences pour leur santé. Il faut donc qu’ils prennent conscience des risques de leur futur métier afin de travailler dans les meilleurs conditions possibles. Les professeurs s’efforcent de les faire évoluer dans la bonne direction.
Anna Postel

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